Le long du sommeil

Lefouec l’enjamba avec aisance. Il était grand, ses cheveux abondants blanchissaient, un vague sourire n’entraînait pas ses yeux. Il tira sur la valve du matelas, l’air continuait de s’échapper tandis qu’il le pliait en quatre au milieu des derniers vacanciers. Rhabillé, il se dirigea vers l’escalier de la plage. Sur le trottoir d’en face le patron des Flots bleus aspergeait sa devanture au jet. Il ne lui restait plus qu’à brancher l’alarme — partir en vacances enEspagne. Lefouec le salua, l’autre lui parla de la saison catastrophique, de l’attitude méfiante des gens depuis les attentats. Vous pourriez en toucher deux mots dans votre canard. C’est ça lui répondit Lefouec, on imprimera : M. Laroche trouve qu’il ne gagne pas assez d’argent, il vous fait part de son mécontentement. Laroche essaya de rire. Vous vous êtes levé du mauvais pied, monsieur Lefouec — celui-ci obliqua vers le centre-ville.