Scènes de la vie littéraire et philosophique 2020-07-14T17:23:39+02:00

Scènes de la vie littéraire et philosophique

Voici, à propos des tonalités et motifs des futures rencontres que nous organisons, une sorte de protocole ou bréviaire qui en constitue la colonne vertébrale, en faisant le point sur nos prérogatives/nos intentions et espérances..

1– Les séquences de nos scènes de la vie philosophique et littéraire sont animées par ce que René Char appelait: le chant ou la danse du langage

2– Par ce biais, nous couplons nos univers pointus et polymorphes, nos talents et nos énergies de façon à proposer des conversations transversales philosophico/artistico/littéraires, piquantes et piquées au vif, tenues et anarchistes, menées à bâtons rompus, sans crainte cependant, des soupirs, des dits rien qui n’en sont jamais,  des pauses et des silences.

3–  Nous nous adresserons à des écrivains dont les personnalités sont elles-même des “archipels de parole” et qui font de l’acte de l’écriture une forme d’exercice spirituel, une architecture de soi.

4–  Nous importe l’écriture comme ligne de résistance, dernier bastion d’une vraie dissidence et la force de l’imaginaire, autant dire la quadrature du cercle : cette force jamais épuisée, ce rempart jamais dépassé, ce désir jamais vaincu, jamais assouvi, jusque dans l’invaincu de la jouissance.

5– Nous souhaitons élaborer des séquences où seraient conviées des îles ou des patries d’ écrivains, de psychanalystes, de philosophes et d’artistes sans frontière prédéterminée entre eux, sous le mode de conversations performatives et de partage des compétences dans la plus pure tradition d’un dis-cours occupé à parler pour le plaisir de parler et d’être entendu.

6– Nous souhaitons discourir et faire discourir sur les forces et formes vives de l’écriture dans notre rapport aux mondes.

7– Cette phrase de Valère Novarina éclaire notre démarche. “Nous sommes sur terre pour nous libérer de la stupeur. Rien que par notre parole. Car la parole délivre toute chose de sa présence stupide, renverse la matière de la mort. Celui qui parle, c’est pour renverser les idoles de la mort”

8– Nos scènes seront portées par un double questionnement : qu’est-ce qui suggère, qui pousse à, qui motive, qu’est-ce qui enchevêtre un parcours, tisse une généalogie, qu’est ce qui les fait écrire, s’exposer, prendre si impérieusement la parole ?Et nous, qu’est ce qui nous fait vouloir les écouter ?

9– La conception de ces scènes- par volets, sans doute – sera variable et changeante selon le dispositif mis en place. Séquences sérielles dont l’intitulé pivotera également – Seront ce des conversations, des impromptus, des dialogues, des scènes … ?

10– Le questionnement ici est de mise tant les conversations autour de la littérature et de la philosophie foisonnent. Peu nous importe la mascarade et la publicité d’une parole pour le semblant et les médias, nos scènes entendent donner voix à des dialogues qui tentent une parole vraie, sans fard, désenclavée des normes ou usages promotionnels. Notre enjeu ressemble à cette phrase de Merleau-Ponty “la philosophie commence avec ce qui ronge et fait éclater”. La littérature avec l’impératif de parler face à ce qui empêche.

11– Il nous semble fondamental de nous inscrire dans une démarche proprement inactuelle, guidée par une soif d’absolu et une exigence d’urgence sans facticité.  Où il importe avant tout de mesurer sa vivacité avec celle de l’autre pour se rencontrer, pour faire lien, faire sens afin de toucher autant la chose poétique que l’habitacle politique dans le maillage du dialogue et de produire un «effet-monde».

12– Il s’agit de faire vivre pour les auditeurs de nos scènes des dialogues-poiesis, des dialogues- créations, des dialogues qui tenteront de créer des traces pour changer nos rapports à l’ordinaire, à l’autre, à l’intime, à l’existence. Afin d’épaissir notre propre recherche et de nourrir cette « jubilation » constante de se sentir pleinement, pas forcément avec les imaginaires que l’on sait être les nôtres,  d’accueillir la bifurcation bizarre et de savourer ces instants ….d’éternité.

13– L’ambition est de taille, elle n’a pas d’autre audace que notre propre expérience modifiée tant par les livres, les voix et la pratique même de l’écriture.

14 – L’inscription dans tout lieu normé ou non trouve sa signification avec l’esprit libertaire de l’ association du Prix Rive Gauche à Paris, qui porte cet ambitieux projet, avec sa fidélité à un souffle tout à la fois empreint de classicisme et d’écart baroque. Mais pas seulement. L’espace voué à la parole, sa capacité à elle-seule à constituer un spectacle par la rigueur féconde de ses énonciations et sa puissance de créations d’images est à point nommé ici et tout le temps, produisant son effet miroir…le long de la route…

15 – Dans ces scènes, séquences, dans ces parenthèses, dans ces impromptus, nous souhaitons transmettre à notre public la ferveur qui est la nôtre: celle de “vivre en phrases” pour reprendre des mots de Roland Barthes.