Stéphane Hirschi 2019-03-31T23:42:48+02:00

Stéphane Hirschi

Ponts du Regard 

“….. La pluie a tout lavé, on ne reconnaît plus leurs couleurs. Et les galets qu’il avait plein la bouche, il a dû les cracher pour y cacher ses ongles. Soulever des cailloux, ce n’est pas compliqué, on y verra les traces imprimées dans le sang, il faut aller vite, le lévrier nous suit toujours, et il a soif aussi, caché derrière ces bois : il arrache même les touffes de cheveux pour essayer de les sucer, à l’instant elles repoussent, l’eau est si froide. Oh ! ce bruit deflûte, venu des champignons. Là ! Sous le chapeau, le tibia ! Mais le lévrier court, il a trouvé quelque chose dans sa gueule : la jambe qui frémit encore et siffle le chacal. Le lévrier, la jambe et le chacal. Ils se sont arrêtés. Ils ont peur de la pluie, elle fond tout droit vers eux. C’est le faucon, bec globuleux, prêt à miauler : il lâche enfin la jambe et repart sans sa queue. La jambe veut s’envoler avec le faucon blanc, mais elle est fatiguée, elle a perdu la tête. Dans la cascade elle roule, et elle batifole au milieu des petits gardons et des grenouilles. A chaque saut de nénuphar, une tiare de lotus lui pousse au front. ..